Chers frères et sœurs en Christ,
Jésus avait fixé son visage vers Jérusalem, et c’était lors de son dernier passage à Jéricho. Il y entra avec ses disciples et en sortit, mais pas sans laisser une marque distinctive. Bartimée, l’aveugle mendiant, fils de Timée, était assis au bord de la route, mendiant, attendant comme chaque jour le passage des bienfaiteurs pour lui donner quelques pièces qui satisferaient ses besoins !
Bartimée entendit des bruits et des voix qu’il n’avait pas l’habitude d’entendre chaque jour, et peut-être demanda-t-il à l’un des passants l’identité des personnes qui s’approchaient de lui, et la réponse lui fut une tentation : C’est Jésus de Nazareth avec une foule de gens qui passent. Il faut dire ici qu’un mendiant bien connu dans sa ville comme le fils de Timée, avait “ses oreilles” pour entendre ce qui se passait à l’intérieur de la ville alors qu’il était à l’extérieur ! Il avait entendu parler de Jésus, ce prophète Fils de David qui enseignait la charité et faisait le bien. Peut-être que l’espoir a pris possession de son esprit, car le premier objectif du mendiant était l’argent, et aujourd’hui était le jour espéré pour en récolter abondamment, car celui qui passe aime les pauvres, et ceux qui sont avec lui, sont influencés par son enseignement, alors il apprécierait le son du cuivre et de l’argent et se concentrerait sur son comptage, et la prochaine fois, il l’arrêterait pour lui demander la vue.
Il se mit en relief, et cria : “Jésus, Fils de David, aie pitié de moi !”, mais ici fut le désespoir, au lieu d’être aidé par ceux qui marchaient avec Jésus, ils le réprimandèrent pour se taire ! Mais, c’était un tournant dans sa vie, sans aucun espoir chez les hommes ! Il cria encore plus fort : “Fils de David, aie pitié de moi !” Et Jésus attendait ce deuxième cri, venant du désespoir d’un cœur blessé par la cruauté des cœurs humains, il s’arrêta et l’appela.
La foule lui dit : “Prends courage ! Lève-toi ! Il t’appelle”, alors il laissa tomber son manteau, se leva et vint à lui. Il laissa tout ce qu’il possédait en entendant la voix de Jésus, abandonna ce qui le protégeait de la chaleur du jour et du froid de la nuit, et fixa ses yeux sombres sur un seul objectif: le rencontrer face à face, même s’il ne pouvait pas le voir de ses yeux éteints, mais la gloire de Dieu ne se cache pas aux yeux du cœur brisé. La parole de Dieu dit : “Les sacrifices qui sont agréables à Dieu, c`est un esprit brisé: O Dieu! tu ne dédaignes pas un cœur brisé et contrit.” (Ps 51: 17)
Il se tint devant lui, et Jésus lui demanda : “Que veux-tu que je te fasse ?”, et peut-être que c’était la question la plus difficile de sa vie. Des secondes passèrent pendant lesquelles toute sa vie lui traversa l’esprit pour trouver la réponse : “Seigneur, que je recouvre la vue !” Et la réponse guérissante de Jésus fut : “Va, ta foi t’a sauvé.” Alors ses yeux s’ouvrirent, et devant lui se tenait le visage resplendissant de Dieu, et c’était peut-être l’un des moments les plus beaux de sa vie, le premier regard qu’il ait eu après sa cécité était le visage aimant de Dieu.
Il est vrai que la vision oculaire manquait au fils de Timée il avait une vision intérieure perspicace. Il a bien fait de ne pas céder à la tentation du son des pièces de monnaie, et de ne pas reporter sa rencontre avec Jésus, car le passage de Jésus à Jéricho était le dernier avant Jérusalem et la croix, et il était sur le point de manquer sa rencontre avec Dieu.
Aujourd’hui, nous avons grandement besoin de cette clairvoyance qui sait discerner la voix de Jésus qui nous appelle au milieu du tumulte des voix du monde qui nous entourent, pour que nous répondions à son appel !
Aujourd’hui, nous avons grandement besoin de désirer rencontrer celui dont nous avons entendu parler maintes fois dans notre vie, pour ne pas laisser passer l’occasion et ne pas remettre à plus tard notre rendez-vous avec lui, car la prochaine occasion pourrait ne pas se présenter !
Aujourd’hui, nous qui avons été déçus par le monde, avons grandement besoin de rassembler l’essence de notre vie et de nous tenir devant Jésus qui nous demande le désir de notre vie, pour que notre réponse soit comme celle de l’aveugle : “Je veux voir !” Voir ta lumière, Seigneur ! Je veux que mes yeux s’ouvrent après la cécité spirituelle qui me consume dans ce monde déchu, pour que je puisse regarder dans tes yeux et plonger dans ton amour qui t’a conduit à te donner pour moi sur la Croix.
Aujourd’hui, nous avons grandement besoin de comprendre la valeur de la rencontre avec le Christ, pour abandonner tout ce qui nous attache à ce monde éphémère, comme l’a fait Bartimée pour se tenir devant Jésus.
Le prophète Isaïe nous dit : “Prêtez l`oreille, et venez à moi, Écoutez, et votre âme vivra” (Isaïe 55: 3). Et l’écrivain de la lettre aux Hébreux rapporte les paroles du prophète David dans le Psaume 95 : “Aujourd`hui, si vous entendez sa voix, n`endurcissez pas vos cœurs.” (Hébreux 4: 7)
† Selim Sfeir
Archevêque Maronite de Chypre