Homélie de Son Excellence Mgr. Selim Sfeir
Archevêque Maronite de Chypre
4ème Dimanche du temps de l’Avent
L’Annonciation
Luc 1, 26-38
Chers frères et sœurs en Christ,
N’est-il pas paradoxal de célébrer l’annonce d’une Bonne Nouvelle qui
s’accompagne d’un appel à être dans la joie tandis que tant de mauvaises
nouvelles nous assaillent dans les médias, nous laissant avec tant
d’inquiétudes sur l’avenir, tant de chagrins, de déceptions, tant de
malaises qui nous rongent le cœur ? Comment peut-on encore entrer dans
la joie à l’annonce de l’accomplissement de la promesse de salut que Dieu
nous apporte par l’avènement de Son Fils unique venu dans notre monde ?
La joie que Dieu nous apporte n’est pas de ce monde, elle nous vient de
Lui, c’est Lui notre joie, comme nous le dit Ste Thérèse de l’Enfant Jésus,
dès lors que nous acceptons, comme la Vierge Marie, de l’accueillir
comme Bonne Nouvelle de salut dans notre vie, d’entrer dans le mystère
de Son Amour et de contempler Ses merveilles qu’Il opère dans les cœurs
doux et humbles, simples et ouverts à Sa grâce, comme dans celui de
Marie.
Pourtant, accueillir cette Bonne Nouvelle ne va pas sans ce sentiment de
crainte, sans recueillement pour prendre conscience de l’infiniment petits
que nous sommes devant l’infiniment grand de l’amour de Dieu pour
nous. Marie a peine à croire à cette salutation de l’ange pour elle et s’en
trouve bouleversée alors que l’ange la rassure : « Ne crains point, Marie,
car tu as trouvé grâce devant Dieu ».
Trouver grâce devant Dieu n’était pas pour Marie un privilège mais une
vocation pour remplir une mission celle de donner vie à Celui qui est venu
apporter la vie en abondance pour le salut du monde. Aussi sera-t-elle à
l’écoute de la Parole de Dieu, pour lui donner chair dans sa chair, dans
son cœur en étant humblement à Son service. Cela passera par sa réponse
libre mais aussi et surtout par son abandon entre les mains de Dieu !
A l’instar de Marie, pourrions-nous nous aussi accueillir avec joie la
Bonne Nouvelle de l’Evangile vivant qu’est Jésus Christ Fils de Dieu
malgré les circonstances difficiles qui compliquent nos vies, malgré ces
périodes troublées par les guerres, les crises, les épidémies… ?
Nous sommes appelés, nous aussi, à écouter, à accueillir la Parole pour
qu’elle naisse en nous. Nous ne porterons pas en nous le Verbe de Dieu
comme Marie l’a porté. Pourtant, il s’agit bien d’une véritable naissance
en nous de cette Parole. Si le Christ ne prend pas chair dans notre chair, il
peut cependant venir en nous pour nous remplir de sa vie et pour que sa
Parole s’enracine, fructifie et se multiplie en nous. Alors, nous garderons
cette Parole comme Marie a su la garder. Et nous porterons nous aussi du
fruit en nous et autour de nous.
Rappelons-nous que nous avons été baptisés, devenus fils et filles de Dieu
par Jésus Son Fils unique, que nous sommes aimés, pardonnés et que nous
sommes envoyés ensemble pour témoigner par notre vie de tout ce que
Dieu a fait pour nous et en nous comme Il l’a fait avec la Vierge Marie.
Rappelons-nous que cette Bonne Nouvelle qui nous est confiée pour la
porter aux autres ne portera pas de fruits sans notre oui. Avec Marie,
redisons-le : « Oui, que tout m’advienne selon ta Parole ! »
Prière :
Avec St Bernard, nous prions la Vierge Marie :
Souvenez-vous ô très miséricordieuse Vierge Marie, qu’on n’a jamais
entendu dire qu’aucun de ceux qui ont eu recours à votre protection ou
réclamé votre secours ou imploré votre assistance ait été abandonné.
Animé de cette confiance, ô ma mère, je viens vers vous, et gémissant sous
le poids de mes péchés, je me prosterne à vos pieds.
Ô Mère du Verbe incarné, ne rejetez pas mes prières, mais écoutez-les
favorablement et daignez les exaucer.
† Mgr Selim Sfeir
Archevêque Maronite de Chypre