Temps de l’Epiphanie
8ème Dimanche après l’Epiphanie
Homélie de Son Excellence Mgr. Selim Sfeir
Archevêque Maronite de Chypre
Matthieu 25 / 31-46
Dimanche des Justes et des Saints
« Venez, les bénis de mon Père ».
Chers frères et soeurs en Christ,
Nous sommes au deuxième Dimanche des commémorations avant d’entrer dans le temps béni du Carême. Nous faisons mémoire des justes et des saints, ceux que nous connaissons de noms et ceux pour lesquels nous avons une dévotion particulière. Les saints de notre pays, de notre région ou de notre village, mais aussi tous les saints, hommes et femmes, de tous les pays et de toutes les cultures et que l’Eglise nous proclame solennellement comme témoins de l’amour de Dieu.
Cependant, les saints ne descendent pas du ciel comme les gouttes de pluie d’hiver ! Leurs histoires ne sont pas toujours à l'eau de rose, savons-nous que de souffrances ont-ils endurées ? Que de combats ont-ils menés ? que d’outrages ont-ils reçus ? Mais au fond, devinons-nous vraiment quel est leur secret ? Pourquoi ont-ils été appelés justes et saints en dépit de leur vulnérabilité et de leur condition pécheresse, celle partagée avec tout être humain ? Pourquoi « reçoivent-ils de la main du Seigneur le royaume de splendeur et le diadème de beauté… » comme nous le rappelle le livre de la Sagesse ?
Pourquoi font-ils partie de cette « assemblée des premiers-nés dont les noms sont inscrits dans les cieux… » comme le souligne la lettre aux hébreux ?
La réponse nous la trouvons en méditant les paroles de l’Evangile de ce dimanche, celui du jugement dernier, celui du Christ Roi et Berger. En méditant les paroles de Jésus, nous pouvons être d’abord un peu choqués de savoir que Dieu ne nous jugera que sur l’amour que nous portons pour Lui, ce Dieu incarné dans l’amour du prochain.
Nous entendrons la voix de Dieu, au fond de notre conscience, nous dire : « Qu’as-tu fait de ton frère ? » Et, cela nous renvoie à l’histoire de Caïn et Abel. Le jugement passe par l’amour du prochain, quel qu’il soit, aimable ou répugnant... Notre prière serait vaine si nous n’allons pas vers celui qui qui crie vers nous pour l’aider à se relever, l’écouter et le comprendre, et à patienter à son égard sans le juger et à lui pardonner quand il nous aura offensé.
Impossible me direz-vous ! Oui mais la grâce sanctifiante du Christ peut faire en nous des merveilles si nous le laissons travailler dans nos coeurs pour le rendre semblable au sien, doux et humble, si chacun et chacune de nous apprend à s’abandonner à la miséricorde du Seigneur en dépit de nos faiblesses et de nos péchés, pour que nous puissions vivre avec et pour les autres.
C’est ce que les justes et les saints ont vécu. Ils ont accompli la volonté du Seigneur non par peur du jugement mais par amour de ce Dieu-Amour qui a envoyé Son Fils les sauver et Son Esprit les rendre fils et filles de Dieu à l’image du Fils unique et selon sa ressemblance. Pour cela, ils sont pour nous témoins fidèles de la foi, et signes d’amour et d’espérance dans notre vie chrétienne.
Prière : En célébrant tous les justes et les saints de Ton Royaume, nous célébrons Seigneur, ton action dans leur vie. Comme eux, tu nous appelles à être saints comme toi-même es saint. Nous ne pouvons y parvenir sans toi. Donne-nous Ta grâce, tous les jours, pour répondre fidèlement à notre vocation à la sainteté et t’entendre nous dire : « Venez, les bénis de mon Père, entrez dans le Royaume… », nous te le demandons par l’intercession de la bienheureuse Vierge Marie et de tous les saints. Amen
† Selim Sfeir
Archevêque Maronite de Chypre