Lettre de Son Excellence
Msgr. Selim Sfeir
Archevêque Maronite de Chypre
Aux prêtres, les fidèles maronites et tout le people chypriote
Pour la deuxième année de sa prise de possession
de l’Archidiocèse Maronite de Chypre
05 Septembre 2023
Chères frères et soeurs en Christ,
En cette deuxième année depuis ma prise de possession de l’Archidiocèse Maronite de Chypre, je saisis cette belle occasion pour vous exprimer tout mon amour fraternel et paternel, à chacun et à chacune d’entre vous. Ma mission primordiale et mon but ultime sera toujours de renforcer entre nous les liens fraternels de charité en Christ Notre Seigneur et Notre unique espérance. Avec vous je prends conscience de notre communion ecclésiale et notre souci de vivre notre foi au travers des différents charismes que l’Esprit Saint nous a prodigués, afin de les fructifier selon la Volonté de Dieu, plus particulièrement en cette période difficile et souvent conflictuelle que vit notre monde à l’heure actuelle. En outre, je souhaite vous encourager à ne pas désespérer devant les multiples problèmes auxquels nous faisons face mais de nous appuyer sur notre foi en Christ pour renforcer notre confiance en nous-mêmes et affronter dans l’espérance les multiples défis que nous pose notre monde actuel. Nous rendons grâce au Seigneur en l’implorant à renforcer nos dons voire nos charismes personnels et communautaires, car notre monde a de plus en plus besoin de l’engagement de chacun de nous.
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En premier lieu, je tiens à proclamer devant vous, à l’instar de Saint Paul que jamais je n’ai mis et ne mettrai ma fierté en rien d'autre que dans la croix de notre Seigneur Jésus-Christ, par qui le monde est crucifié pour moi, comme je le suis pour le monde ! (cf. Galates 6, 14) Car ce qui m’importe en ce service comme pasteur dans l’Eglise, c’est vous et le Christ vivant en vous, parce que vous êtes comme le dit aussi l’apôtre Paul en 2 co3 :3 « Vous êtes manifestement une lettre de Christ, écrite, par notre ministère, non avec de l`encre, mais avec l`Esprit du Dieu vivant, non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, sur les coeurs ».
Oui, Christ est vivant en nous aujourd’hui comme Il l’était lorsqu’il parcourait les routes de Palestine. Sa Résurrection n’est pas simplement un fait historique ni un acte de foi, mais une réalité perpétuelle en chacun de nous chaque fois que nous affrontons la mort sous toutes ses formes nous la vainquons par Lui, avec Lui et en Lui. Jésus-Christ est le même hier, aujourd’hui et demain comme nous le signale l’épitre aux hébreux, il est vivant aujourd’hui et est présent avec chacun de nous, il sera encore vivant demain et sera présent avec nos enfants et nos générations futures à jamais et pour l’éternité. A la suite de nos ancêtres qui ont édifié grâce au Christ le monde dans lequel nous évoluons aujourd’hui, ainsi nous aussi avec le Christ et en Lui, nous bâtissons ce monde dans lequel nos enfants et nos petits-enfants et toutes les générations à venir, évoluerons.
Chers bien-aimés en Christ, ne laissez rien troubler votre foi ni pervertir la grâce de votre baptême. Vous êtes des porteurs du Christ dans le monde; le Christ vit en vous et continue sa mission salvifique à travers vous. Votre vie actuelle est une extension de l’incarnation du Christ. C’est au monde de se façonner à vous et non l’inverse. Si le monde s’est éloigné du Christ, nous devons être comme Il nous l’a enseigné : « lumière du monde et sel de la terre » (Mt 5 : 13 -14 ) , puisque nous pouvons tout en celui qui nous
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fortifie. (cf.Philippiens 4, 13). Peu importe notre situation, l’Espérance qui ne déçoit pas est déjà et sera toujours le don par excellence que l’Esprit Saint prévoit pour nous vivifier et sauver le monde, sans faire acception de personnes (cf. Actes 10, 35). Tout ce que nous vivons aujourd’hui nous enseigne que s’éloigner de Jésus, Notre BONNE NOUVELLE, ne conduit nullement au bonheur, comme cela a souvent été suggéré et miroité par les faux prophètes de notre monde. Se libérer des exigences de l’Evangile nous plonge dans des contraintes cruelles et immondes sans aucune mesure avec les précédentes, précipitant le monde dans un abîme sans précédent.
En aucun cas, l’Eglise ne cherche un regain de pouvoir sur vous ou à travers vous, elle ne veut aucunement avoir une emprise sur le monde. Le pouvoir l’a blessée et éloignée de sa mission salvatrice, pour penser encore à la manière du monde et selon la chair. Au temps présent, l’Eglise s’est laissée dépouiller pour gagner le Christ afin qu’Il devienne la vie de votre vie. Car en dehors de lui, il n’y a pas de vie véritable, il n’y a pas d’amour véritable, il n’y a pas d’espoir véritable, il n’y a pas de sens véritable à notre vie, il n’y a pas de rencontre véritable, il n’y a pas de liberté véritable, il n’y a pas de joie véritable, il n’y a pas de consolation véritable que nous pouvons vivre au milieu de nos souffrances quotidiennes, il n’y a pas de communion salvatrice, il n’y a pas de Salut éternel. Rien, rien que le vide, un vide destructeur pour l’homme et son humanité. En revanche, tout en Jésus se génère et prend forme pour la vie et jamais pour la mort. Que cela vienne d’un croyant ou d’un non croyant, d’un fidèle ou d’un infidèle, car tous sont ses enfants et il mène toute chose au bien de ceux qui l’aiment, de ceux qui sont appelés selon son dessin. Car ceux qu'il a connus d'avance, il les a aussi prédestinés à être semblables à l'image de son Fils, afin que son Fils fût le premier-né entre plusieurs frères. (Romains 8, 28-29).
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Biens aimés de Dieu, vous êtes dans le monde et envoyés dans le monde pour porter les fruits de l’Esprit, car vous n’êtes plus des êtres charnels. Or les oeuvres de la chair sont manifestes : inconduite sexuelle, impureté, débauche, idolâtrie, sorcellerie, hostilités, disputes, passions jalouses, fureurs, ambitions personnelles, divisions, dissensions, envie, beuveries, orgies et autres choses semblables. Je vous préviens, comme je l'ai déjà fait : ceux qui pratiquent de telles choses n'hériteront pas le royaume de Dieu. Quant au fruit de l'Esprit, c'est : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur, maîtrise de soi ; aucune loi n'est contre de telles choses. Mais ceux qui appartiennent à Jésus-Christ ont crucifié la chair avec ses passions et ses désirs. Si nous vivons par l'Esprit, marchons aussi par l'Esprit. Ne devenons pas vaniteux ; cessons de nous provoquer les uns les autres, de nous porter envie les uns aux autres (Galates 5, 19-26).
Voici votre baptême : vous êtes les ambassadeurs du Christ ! Le Concile Vatican II souligne l’importance de cette mission : À tous les chrétiens donc incombe la très belle tâche de travailler sans cesse pour faire connaître et accepter le message divin du salut par tous les hommes sur toute la terre. Pour l’exercice de cet apostolat, le Saint-Esprit qui sanctifie le Peuple de Dieu par les sacrements et le ministère accorde en outre aux fidèles des dons particuliers (cf. 1 Co 12, 7), les « répartissant à chacun comme il l’entend » (cf. 1 Co 12, 11) pour que tous et « chacun selon la grâce reçue se mettant au service des autres » soient eux-mêmes « comme de bons intendants de la grâce multiforme de Dieu » (1 P 4, 10), en vue de l’édification du Corps tout entier dans la charité (cf. Ep 4, 16). De la réception de ces charismes, même les plus simples, résulte pour chacun des croyants le droit et le devoir d’exercer ces dons dans l’Église et dans le monde, pour le bien des hommes et l’édification de l’Église, dans la
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liberté du Saint-Esprit qui « souffle où il veut » (Jn 3, 8), de même qu’en communion avec ses frères dans le Christ et très particulièrement avec ses pasteurs. C’est à eux qu’il appartient de porter un jugement sur l’authenticité et le bon usage de ces dons, non pas pour éteindre l’Esprit, mais pour éprouver tout et retenir ce qui est bon (cf. 1 Th 5, 12.19.21) (décret sur l’Apostolat des Laïcs no3).
Soeurs et frères biens aimés en Christ, aimons-nous les uns les autres comme Christ nous a aimés (cf. Jean 13, 34). En agissant ainsi, nous nous fortifierons personnellement et mutuellement en tant que corps vivant du Christ ; nous recentrerons nos vies ainsi que celles de notre patrie sur Jésus; nous ne cèderons plus au découragement, aux mensonges, à la souffrance, ni même à l’arrogance de la foi trop sûre d’elle-même et de ses accomplissements. Au contraire, nous vivrons humblement notre foi, comme des petits enfants du Père, croyant en la force que nous trouvons en Christ. Alors, nous connaitrons Dieu, et surtout, nous serons connus de Dieu (cf. 1 Corinthiens 8,3) ; nous vivrons pour le Christ et nous témoignerons par notre propre vie de l’Evangile, quel que soit le prix à payer. C’est ainsi que nous trouverons la belle part de la joie que nul ne nous ravira (cf. Jean 16,22).
Jésus Christ nous veut comme une chaine ininterrompue de toutes sortes de souffrances et d’offrandes transformées en joie du Salut, qui s’étend d’hier à aujourd’hui, et perdurera jusqu’à l’éternité. Rien ne brisera cette chaine, ni les forces du mal, ni l’esprit de ce monde. Alors courage, ne soyez surtout pas le maillon qui se brise !
Soyons consacrés par la Vérité, c’est-à-dire sanctifiés par la Parole de Dieu qui est Jésus-Christ, Parole salvatrice de Dieu Notre Père. C’est Lui et Lui seul notre seule arme contre l’esprit destructeur du Malin. Et ne
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nous éloignons pas de Marie la Mère de Dieu, elle est « notre porte du ciel». En Elle, comme en aucune autre créature humaine, nous voyons le triomphe de la grâce sur le péché, nous voyons s’accomplir la prophétie de la Genèse de la descendance de la femme qui écrase la tête du serpent infernal (Jean Paul II, Homélie à Sainte-Marie-Majeure, 8 décembre 1985). Avec Marie et par la Puissance de l’Esprit, écrasons la tête du serpent et soyons fils et filles bien-aimés de Dieu.
† Selim Sfeir
Maronite Archbishop of Cyprus